Hjørland

Facet analysis: The logical approach to knowledge organization

de Birger Hjørland

Résumé par Simon Côté-Lapointe

Référence : Hjørland, B. (2012). Facet analysis: The logical approach to knowledge organization. Information Processing & Management, 49(2), 545–557.

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Résumé

[Traduction du résumé de l’article]

Le paradigme de l’analyse par facettes est probablement l’approche la plus distinctive dans l’organisation du savoir en bibliothéconomie et en sciences de l’information, et sous plusieurs aspects a dominé ce qu’on appelle la « théorie classificatoire moderne ». Cette théorie a été principalement développée par S.R. Ranganathan et le Classification Research Group (CRG), mais elle est principalement basée sur les principes de division logique développés il y a plus de deux mille ans. La Classification Colon et Bliss 2 (BC2) sont parmi les plus importants systèmes développés sur cette base théorique, mais elle a également influencé le développement d’autres systèmes, tels que la Classification Décimale de Dewey (CDD) et est aussi appliquée pour plusieurs sites web. Elle a encore une position relativement forte dans le domaine et est l’approche théorique la plus explicite et « pure » pour l’organisation des connaissances [« knowledge organization (KO) »]. La force de cette approche sont ses principes logiques et le moyen dont elle structure l’organisation du savoir dans les systèmes [« knowledge organization systems (KOS) »]. Les principales faiblesses sont : sa base empirique faible et son ordonnancement spéculatif du savoir issues du développement ou de l’influence d’étude théoriques et socio-historiques. Ceci semble dû à l’hypothèse problématique que les relations entre les concepts sont des à priori, et non fondés par le développement de modèles, théories et lois.

Plan du texte

1. Introduction
2. Historical developments
3. Basic principles of facet analysis
4. Construction principles for facet classification schemes
5. Relations to Aristotelian and other kinds of logic
6. Reception and criticism
7. Discussion
Références sélectionnées

1. Introduction

–        L’organisation du savoir [« Knowledge organization (KO) »] (ou l’organisation de l’information ou des connaissances) est une sous-branche de la bibliothéconomie et des sciences de l’information.

–        L’analyse par facettes, la tradition en recherche d’information, les visions cognitive  et orientée vers l’utilisateur, les approches bibliométriques et le domaine de l’approche analytique : ces hypothèses théoriques n’ont pas été approfondie examinées dans la littérature.

–        Le but de cet article est de se pencher sur les fondations théoriques de l’analyse par facettes.

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2. Historical developments

Évolution historique

–        L’idée de la classification à facettes remonte à 300 ans en arrière.

–        20ième siècle : Classification Décimale Universelle.

–        W.C. Berwick Sayers :

  • Avec lui, la classification à facettes (CF) devient une approche basée sur la recherche dans le domaine de l’organisation des connaissances.
  • Méthodologie claire et solide;
  • Axé sur la logique;
  • Approche classique pour délimiter les classes et hiérarchies de classes.

–        S.R. Ranganathan (1930) :

  • Aborde le problème de façon axiomatique, plus large et plus profonde que Sayers.
  • Développe une série de principes de bases et les applique rigoureusement aux problèmes.

–        British Classification Research Group (CRG) (1960) :

  • Développe la Classification bibliographique Bliss, système le plus avancé théoriquement basé sur cette approche.
  • L’essence de l’analyse par facettes est de classer de termes d’un domaine donné dans des facettes homogènes, mutuellement exclusives, chacune dérivant de l’univers parent par une seule caractéristique de division.

–        Durant les années 1980, l’intérêt pour les facettes décroît, mais depuis le début du 21ième siècle, il y regain d’intérêt.

–        Aujourd’hui : différence entre les classifications bibliographiques traditionnelles et l’utilisation purement informatique.

–        Exemples de développements récents : design de pages web, format spécifique pour la programmation (XFML), Art and Architecture Thesaurus, MeSH (développé par le National Library of Medicine), FAST (développé par la développé par la Library of Congress).

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3. Basic principles of facet analysis

Principes de base de l’analyse par facettes

–        Approche aristotélicienne de la catégorisation :

  • Origine de la relation entre classification à facettes (CF) et logique.
  • Définitions, relations et opérations issues des cinq prédicats : genre, espèces, différence, propriété et accident.

–        Ranganathan continue cette approche logique :

  • Désir de découvrir le vraie nature et l’ordre des choses, basés sur des principes éternels, immuables et globaux.
  • Théorie de l’univers des sujets, inspirée par le mathématicien Georg Cantor (1845–1918) :
    • Les objets existent dans un espace multidimensionnel;
    • Le terme facettes réfère à des ensembles infinis de sujets.
  • Deux sortes de facettes :
    • Sujets de base : Sujets qui n’ont pas d’idées isolées comme composants sont de sujets de base. Par exemple : « Mathématiques ».
    • Qualifications des sujets de base (ou isolats) : Par exemple l’espace et le temps (dans l’exemple « Mathématiques indiennes du 20ième siècle », Inde et 20ième siècle sont des isolats d’espace et de temps).
  • Cinq types d’isolats (ou les cinq catégories fondamentales) sont nécessaires et suffisants pour caractériser tous les documents :
    • Personnalité : est la caractéristique distinctive d’un sujet;
    • Matière : est la matière physique dont peut être composée un sujet;
    • Énergie : toute action concernant le sujet;
    • Espace : composante géographique, l’emplacement du sujet.
    • Temps : la période associée au sujet.

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 –        Meilleur moyen d’expliquer l’approche d’analyse par facettes est d’expliquer sa méthodologie analytico-synthétique :

  • Analyse : Décomposer chaque sujet en concepts de base.
  • Synthèse : Combiner les unités et concepts pertinents pour décrire le sujet traité.

–        Exemple : livres traitant des mathématiques de différentes périodes et pays peuvent être analysés :

  • Sujet de base : Mathématiques
  • Isolats : Périodes et pays.

–        Pour chaque isolat, une classification séparée est construite (exemple : une de tous les pays, une autre de toutes les périodes).

  • Identifier les classes pour chaque isolat est l’étape d’analyse.
  • Construire un descripteur de sujet en combinant des classes d’isolats est l’étape de synthèse.
  • Résultat : notation synthétique composée de sections, chacune représentant un aspect spécifique (analogue à la notation des éléments chimiques, où H2O nous informe de la composante de l’eau).

–        Différences entre les systèmes de classification traditionnels (les systèmes énumératifs) et les schémas par facettes-analytiques :

  • Énumération : toutes les classes sont listées;
  • CF : classes sont construites par combinaisons de composantes lorsque nécessaire.

–        Points de vue de Ranganathan :

  • Les systèmes énumératifs ont un fondement superficiel;
  • La découverte de nouvelles connaissance implique le besoin de nouvelles classes, ce qui ne peut pas être anticipé dans un système énumératif.
  • Les connaissances nouvelles peuvent être exprimées dans le design de la CF avant en combinant des catégories préexistantes.

–        Nuance sur la capacité d’intégrer de nouvelles connaissances : Concept de l’incommensurable de Thomas Kuhn : de nouvelles structures conceptuelles requièrent de nouveaux concepts et de nouveaux systèmes classificatoires.

–        Approche d’analyse par facettes selon Kathryn La Barre :

  • Forme d’analyse conceptuelle qui recueille les termes utilisés fréquemment dans un domaine donné et qui  utilise ces termes comme matière première pour l’analyse.
  • Questions d’analyse :
    • Quel concept cela représente-t-il?
    • Dans quelle catégorie conceptuelle cela devrait-il être inclus?
    • Quels sont les rapports de classe entre ce concept et les autres concepts inclus dans la même catégorie?
    • L’établissement d’une classification à facettes consiste à définir une série de concepts clairs ainsi que l’identification et la définition de leurs relations sémantiques à travers le processus de l’analyse par facettes.

 

–        Vickery propose une liste de 13 catégories fondamentales utiles pour classifier les domaines scientifiques :

  1. Subtance (produit)
  2. Organe
  3. Constituant
  4. Structure
  5. Forme
  6. Propriété
  7. Objet de l’action
  8. Action
  9. Opération
  10. Processus
  11. Agent
  12. Espace
  13. Temps
  • Ces catégories ce sont avérées suffisantes pour l’analyse du vocabulaire dans presque tous les domaines de connaissances.
  • Les termes de ces catégories peuvent être combinés de manière complexe. Par exemple : chaque propriété ou processus peut elle-même avoir une propriété générale : taux, variation, etc.

–        L’expansion du nombre de catégories peut impliquer qu’il n’y a pas un nombre fixe de catégories dans le monde.

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4. Construction principles for facet classification schemes

Principes de construction pour les schémas de classification à facettes

Six étapes :

–        Analyse des facettes :

  • 1. Définir le domaine du sujet :
    • Quelles choses ou entités sont d’intérêt pour le groupe d’usager envisagé?
    • Quels aspects de ces entités sont intéressants?
  • 2. Formulation des facettes :
    • Examiner un échantillon représentatif de matériel qui intéresse expressément le groupe d’usagers : leurs propres articles, ainsi que des textes, glossaires, listes de vedettes-matières, etc. Ceci fournit une liste de termes possibles à utiliser.
    • Classer ces termes dans des groupes de termes homogènes (facettes), obtenus en définissant chacun des termes par rapport aux entités qui sont le centre d’intérêt de la classification.

–        Analyse des facettes et classification à facettes :

3. Élaboration et structuration des facettes :

  • Construire un ordre hiérarchique des termes collectés pour chaque facettes. Même si le résultat n’est pas parfait, la procédure aide à :
    • regrouper les synonymes;
    • éliminer les termes collationnés avec la mauvaise facette;
    • indiquer les failles dans le système.

4. Création des notes d’application :

  • Définir les termes vagues;
  • Fournir des instructions pour les usagers et les indexeurs en ce qui a trait à la signification et à l’utilisation de chaque facette.

5. Arrangement des facettes :

  • Décider comment les facettes vont être arrangées entre elles dépendamment de l’utilisation voulue.
  • Exemples d’utilisation :
    • post-coodonnée (Thésaurus) : arranger en catégories;
    • pré-coordonnée (catalogue) : accent sur la séquence des facettes.

–        Classification à facettes

  • 6. Ajouter la notation

 

–        Les six étapes fondamentales dans le design (Mills) :

a)      Diviser le sujet en facettes globales (catégories).

b)      Diviser chaque facette en sous-facettes spécifiques.

c)      Décider de l’ordre de citation [« citation order »] entre les facettes et entre les sous-facettes.

d)      Décider de l’ordre de classement [« filing order »] entre les facettes et entre les sous-facettes et l’ordre des classes dans chacun.

e)      Ajouter une notation.

f)       Ajouter un index de A à Z.

–        Toutes les étapes n’ont pas la même importance théorique.

 

–        Les deux premières étapes (a et b) découlent du principe de division logique :

  • Une seule caractéristique à la fois devrait être appliquée;
  • Division ne devrait pas faire de saut de logique;
  • Division devrait être exhaustive.

–        Exemple : Médecine

  • Peut être définie comme la technologie concernant les actions prises par un humain pour maintenir sa santé ou traiter sa maladie. La définition du sujet mène directement à la première catégorie (l’entité , la personne), et toutes les autres catégories sont obtenues à partir de leur relation avec cette catégorie.
  • Les catégories divulguées sont :
    • Sortes de personnes humaines (femelle, mâle, jeune, vieux, etc.);
    • Parties de la personne (anatomie, région, sous-systèmes fonctionnels physiologiques — tronc, circulatoire, neurologique, etc.);
    • Processus dans la personnes (physiologie normale, pathologie);
    • Actes d’opérations sur la personne (maintenir ou prévenir la santé, diagnostiques, thérapies);
    • Agents opérateurs (personnel médical, instruments, institutions — hôpital, services de santé, etc.);
    • Donc, un document intitulé : ‘Rehabilitation Following Fracture of the Femoral Neck [in old persons]’ donnerait l’index descriptif suivant : Old persons (geriatrics) – Bone – Femur – Neck of femur – Fracture – Therapy – Rehabilitation.

 

–        Les étapes c et d :

  • Ordre de citation : ordre des constituants, des termes présentés (par exemple, dans un bottin téléphonique : nom, prénom, désignation).
  • Ordre de classement  : analogue à l’arrangement alphabétique.
  • Dans le contexte bibliographique, l’ordre de citation n’est pas indépendant de l’ordre de classement.
  • Dans le système de CF, le principe général est d’inverser l’ordre de classement de l’ordre de classement.
  • Exemple :
    • Ordre de citation (ordre de division) : Old persons – Bone – Femur – Neck of femur – Fracture –Therapy – Rehabilitation
    • Ordre de classement  : Rehabilitation – Therapy – Fracture – Neck of femur – Femur – Bone – Old persons

–        Ordre de citation [« citation order »] :

  • Consiste à décider quel critère de classification devrait principal, lequel devrait être secondaire.
  • Deux principes fondamentaux pour décider de l’ordre de citation :
    • La prévisibilité de localisation des classes;
    • Privilégier un ordre pratique pour l’utilisateur : sélection du sujet le plus représentatif (certaine subjectivité dans le choix).

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5. Relations to Aristotelian and other kinds of logic

Relations avec la logique aristotélicienne et d’autres logiques.

–        Quelles sont les relations entre l’analyse par facettes et la logique?

–        Classification aristotélicienne : modèle digne d’intérêt exemplaire par sa clarté. D’autres schémas ne sont pas tous aussi bons : plusieurs pourraient s’inspirer du modèle d’Aristote.

–        Il existe cependant d’autres formes de logique (qui ne sont pas abordées dans cet article).

–        Principe de division logique : est-ce que la classification a toujours été basée sur la division logique?

  • Dans la division logique, on part avec une classe (genre) qu’on divise en sous-classe (mais non par individu / échantillon unique [« individuals »]). Dans la classification, on part avec des individus ou des classes et on les regroupe dans des classes sur la base des propriétés qu’ils partagent.
  • En tant que processus du savoir, la division est par définition un processus basé sur le sens. La classification, par contre, est inductive par nature et requiert des connaissances empiriques.
  • Il y a donc confusion entre division logique et classification : la division logique étant une sorte de classification.

–        La caractéristique principale de la CF est l’utilisation de la division logique au détriment des autres méthodes de classification (en particulier les méthodes empiriques).

–        La logique aristotélicienne est mise de côté depuis une centaine d’années. La logique du prédicat de premier ordre est dominante. Cependant, cette logique étant conçue dans le domaine des mathématiques, elle s’adapte mal au langage commun. La logique aristotélicienne traditionnelle a l’avantage d’être plus adaptée au langage « naturel ».

 

–        Les six règles de la classification selon Parry et Hacker; quatre règles formelles et deux règles informelles :

  • Règles formelles :
    • Classes coordonnées dans la classification doivent être mutuellement exclusives;
    • Les classes coordonnées doivent être jointes en correspondance avec la classe immédiatement supérieure (leur genre le plus proche);
    • Chaque niveau de la classification devrait être basé sur un principe de classification;
    • Toutes choses étant égales, la classification utilisant le moins de principes de classification est préférée. Ceci est un critère de simplicité de logique.
    • Règles informelles :
      • La classification devrait servir le but pour lequel elle a été construite;
      • À moins que la classification ne serve une fonction spécifique, il est désirable qu’elle soit la plus féconde et fertile (étendue) possible.

–        Parry et Hacker considèrent la division logique comme étant basée sur la connaissance à priori, mais la classification principalement sur la connaissance empirique.

 

–        Distinctions entre classification naturelle et artificielle.

–        Limites de la classification artificielle : division logique et classifications « à priori » sont généralement d’une valeur limitée dans les sciences sociales et naturelles :

  • En mathématique, il est facile de faire des divisions à priori qui font des sous-classes acceptables :
    • par exemple, diviser les figures rectilignes en triangles, quadrilatères, pentagones et polygones.
  • Nous pouvons aussi appliquer ce principe de division quantitative en dehors des mathématiques :
    • par exemple, diviser des roches ou des animaux par poids (moins de cent grammes, plus de cent grammes, etc.).
  • Cependant, cela ne sera pas d’une grande utilité.
  • Les divisions « à priori » sont d’une valeur relativement limitée en sciences naturelles et sociales.
  • Les subdivisions sont obtenues par procédés inductifs et empiriques plutôt que par division, même si le résultat est présenté sous la forme d’une division.

–        Classification artificielle versus classification naturelle :

  • La classification taxinomique synthétique linnéenne nous permet de regrouper ensemble les types de plantes qui possèdent le même nombre d’étamines et de pistils, mais les concevoir de cette manière n’est pas vraiment utile, étant donné que nous avons rarement à affirmer quoi que ce soit sur les plantes qui ont un nombre égal de pistils et d’étamines.
  • Les objectifs scientifiques sont mieux atteints lorsque les objets sont regroupés selon un plus grand nombre de propositions générales (classification naturelle).
  • La théorisation scientifique est associée avec les développement des schémas de classification. Remplacer l’idée de paradigme avec la notion de taxonomie lexicale, c’est-à-dire la structure taxonomique projetée par les théories scientifiques. Le débat des typologies naturelles [« natural kinds »] est un sujet central dans plusieurs disciplines, comme la chimie par exemple.
  • Le problème de la base théorique pour la classification bibliographique est qu’elle est restreinte, réduisant les nombre possibles d’approches et les processus utiles de catégorisation. N’inclut pas par exemple les découvertes de Boole, Cantor, De Morgan (théorie axiomatique des séries).

–        La CF est donc basée sur une logique traditionnelle, et la relation à cette base et les limitations issue de cette fondation n’ont pas été correctement examinées en bibliothéconomie et sciences de l’information.

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6. Reception and criticism

Réception et critique

 

–        Pas beaucoup de comparaisons de la limitation de la CF avec d’autres approches.

–        Plusieurs auteurs considère la CF comme étant l’ultime solution (CRG, Mills).

–        Vickery (1966) discute des désavantages de la CF :

  • Requiert plus d’effort à mettre en place et ne peut pas facilement intégrer les sujets marginaux.
  • Utilisation d’une notation symbolique plutôt que le langage naturel peut rendre plus long l’indexation et la recherche. Introduction de nouveaux termes d’indexation plus difficile.
  • En comparaison des systèmes plus structurés, la CF ne fournit pas autant de flexibilité pour les recherches/requêtes génériques.

–        Dans les années soixante, classification à facettes n’était pas considérée comme une méthode efficace pour la recherche d’information. Il y avait une distinction nette entre la gestion du savoir [« knowledge organization (KO) »] et la récupération/recherche d’information [« information retrieval (IR) »], avec un prestige et une influence marquée pour cette dernière.

–        Gerard Salton (1996) : Agir comme si on était pris dans le 19ième siècle avec les vocabulaires contrôlés, les Thésaurus et toutes les misères qui viennent avec, ne va sûrement pas contribuer à une compréhension et une appréciation appropriées des sciences de l’information modernes.

 

–        Malgré des recherches récentes en IR qui ont reconnu l’importance de la KO, il y a toujours une déconnection entre les deux : aujourd’hui l’analyse par facettes est absente dans les références bibliographiques traitant de IR.

–        Les chercheurs sur la classification à facettes ne sont pas cités (ou mal cités) dans la littérature, il est ainsi plus difficile de faire un examen critique de cette approche.

–        Seulement quelques chercheurs ont eu une connaissance plus approfondie des facettes, leur permettant d’appliquer l’analyse par facettes dans les domaines tels que la philosophie et la linguistique (par exemple Moss).

–        La CF semble donc s’être isolée des domaines d’études plus établis. C’est aussi un signe de manque d’érudition en KO.

 

–        Henning Spang-Hanssen : la distinction que fait Ranganathan entre le niveau des idées et le niveau verbal est problématique, car la description de deux niveaux va mener à une et une seule structure.

–        Hjørland (2007) : a lié la philosophie de base de l’analyse par facettes à la philosophie des primitifs sémantiques et une théorie plus large de la sémantique.

  • Exemple : nomenclature en chimie :
    • Éléments chimiques comme symboles (H pour hydrogène, O pour oxygène).
    • H et O sont des primitifs sémantiques et les composants chimiques sont exprimés par des combinaisons des noms des éléments (ex : H2O).
    • Mais la composition de l’eau est quelque chose qui a été découverte par les chimistes et non pas donnée par la logique, et la formule chimique est construite d’après un modèle de réalité décrite par la chimie.
  • La conclusion est que les primitifs sémantiques ne sont pas issus du langage naturel, ils sont issus de modèles construits par les spécialistes dans des domaines spécifiques.
  • Ceci est problématique si la CF est basée sur l’idée que le sens est donné à priori dans le langage et que les sujets peuvent être construits à partir d’une série universelle de primitifs sémantiques donnés par le langage naturel.
  • La décomposition de concepts complexes en concepts primitifs (et la synthèse de concepts primitifs en concepts complexes) ne peut se faire sans considérer le sujet spécifique de la connaissance analysée.
  • De nouvelles découvertes peuvent être classifiées, tant et aussi longtemps qu’elle est conforme avec la théorie scientifique sur laquelle est basée la classification.
  • Les éléments de la classification ne sont pas donnés par l’analyse logique des philosophes ou des spécialistes de l’information, mais plutôt par les théories et découvertes scientifiques. Il s’agit encore du problème de différence entre la division logique et les classifications scientifiques.

 

–        Dans la CF, un document est classé en prenant un symbole ou plus de facettes appropriées et les combinant selon certaines règles. Cette combinaison est appelée « notation synthétique ».

  • L’idée philosophique derrière cela est que les éléments ne changent de signification selon les différents contextes. D’après les théories moderne sur la signification, ceci est une hypothèse plutôt problématique.

–        La CF a été développée du temps où les opérateurs booléens n’étaient pas encore introduits en bibliothéconomie et sciences de l’information. Depuis, elle a été développée en dehors et sans interaction avec les communautés de recherche web dans lesquelles la recherche booléenne est courante.

  • Les facettes devraient être combinées avec les opérateurs booléens.
  • Les facettes devraient être utilisées pour aider à formuler les requêtes.
  • Curieusement, il n’y a pas eu beaucoup d’échange de connaissance entre la communauté de recherche web et la communauté d’organisation de la connaissance (KO) par rapport aux facettes et l’analyse par facettes.

–        Il a été prouvé que l’analyse par facettes appliquée à la formulation des requêtes donne de bons résultats.

–        La force des facettes est peut-être de rappeler à l’indexeur les différents aspects qu’un document peut être représenté et d’aider l’utilisateur à articuler différents aspects du sujet qu’il explore.

–        Il reste à savoir si les facettes construites par les indexeurs correspondent aux besoins des usagers.

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7. Discussion

–        L’analyse par facettes est principalement une approche logique pour la classification et l’organisation de la connaissance.

–        Malgré que les principes méthodologiques mentionnent quelques fois des éléments empiriques (échantillon de textes) et de critères pragmatiques (produire la classification la plus utile), ces éléments sont tellement périphériques qu’ils ne changent pas la conclusion générale suivante : que la CF est une approche rationaliste basé sur des connaissances « à priori » et non sur des connaissances empiriques ou sur des méthodes historiques ou pragmatiques.

–        Lorsque des classifications concrètes sont produites, les classificateurs consultent les listes terminologiques et les bibliothèques. Cependant, cette partie de la méthodologie n’est pas bien définie ou décrite. Quelles différences cela fait de faire le travail empirique d’une manière ou d’une autre?

–        Il y a dans la tradition, des suppositions concernant la découverte de la nature et de l’ordre véritables des choses, un ordre basé sur des principes qui sont éternels, immuables et qui englobe tout.

 

–        L’opposition classique au rationalisme est l’empirisme.

  • Lorsque les bases de données sont apparues, de longues listes de termes étaient extraites pour servir de descripteurs dans les Thésaurus. Un tel matériel empirique est déroutant (tel que l’affirment les rationalistes contre les empiristes).
  • En organisant le matériel en catégories logiques, il est devenu plus facile d’évaluer le matériel empirique, en trouvant par exemple les termes et les aspects manquants.

–        Les méthodes rationalistes doivent être complémentées par des approches empiriques, historiques et pragmatiques.

 

–        Autre conclusion importante : dans l’organisation de la connaissance (KO), il y a toujours eu une tendance à standardiser les classifications plutôt que de construire des systèmes qui sont optimisés pour certaines collections, usagers ou points de vue.

 

–        Est-ce que la valeur d’un système de classification dépend de la valeur de son fondement intellectuel?

–        Délicate question : le but de la théorie scientifique est d’améliorer les potentiels d’action : il ne devrait pas avoir de conflits entre avoir d’un côté une bonne base savante et de l’autre desservir son objectif [« serving its purpose »].

–        La question est aussi de savoir si la formule des cinq catégories fondamentales de Ranganathan sert réellement bien certains domaines. Pour ce faire, nous avons besoin d’études comparatives sur des classifications conçues d’après des méthodologies alternatives comme, par exemple, des approches bibliométriques et algorithmiques ou des analyses de domaines.

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Références sélectionnées

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